Suite de ce week-end de 3 jours

Lundi était donc férié, sauf que moi, j’ai bossé parce que j’aime mon boulot (et aussi parce que dire à sa prof “Non, pas lundi , c’est férié”, c’est risqué…). Mais qu’ai-je donc fait lundi avec ‘ma prof’ qu’on appelle ‘Sensei’ (professeur/maître en japonais)? Et bien, nous somme partis explorer mon terrain d’étude pour la thèse.

Donc, on est partis du côté d’Ibaraki et Mino (nord d’Osaka) pour suivre le cours de quelques rivières et voir jusqu’où ça va. Eh ben, ça va dans des forêts où y a pas grand monde qui se ballade, parce que ce sont des bush bourrés d’araignées. Oui, voilà, ce field trip a été synonyme d’araignées, grosses, qui font des grandes toiles et qu’on voit pas…Et un moment, quand on est remontés dans la voiture, y en avait une qui se balladait sur le bras de la prof . J’ai pris mon courage à 2 mains…et j’ai pas crié. Je l’ai juste avertie à coup de “Ah! Sensei, kumo!kumo!!” (araignée! araignée!!) Tout s’est bien fini, sans meurtre aucun. Mais j’ai peur pour la suite de mon terrain, seule dans les bois infestés >_<

On a traversé des vallées avec des cultures et des rizières de partout et j’ai raméne des légumes pas cher de la coop JA!! (à Takatsuki), on a été pillé des échantillons de roche sur le site de construction du barrage de la rivière Ai, on est passé sur des failles (ah les fameuses failles actives qui font peur!) où les roches sont broyées par les forces terrestres phénoménales (à Nishinomiya), on a vu une source qui crache de l’eau rouillée venue des entrailles de la terre (à Takarazuka), on est monté au sommet du mont Rokko (à Kobe) pour admirer l’immense baie d’Osaka (et d’autres failles…), et on s’est fait un “Ride on the night” sur les ponts de la baie en revenant à Sumiyoshi.

Mon étude

Sinon, je fais de la géologie et de l’hydrologie, plus précisemment géochimie et hydrochimie: la chimie de la roche et de l’eau. Et de l’hydrogéologie (tout ça ensemble).

Pour cette étude, j’étudie l’origine et le transport des éléments trace (ET) dans les rivières du nord du bassin d’Osaka (rivières Yono, Ai, Mino, Ibaraki). Un élément trace est un éléments chimique qui se trouve en très faible quantité dans les eaux naturelles. L’étude fait le focus sur 2 types d’éléments trace:

  • les métaux trace (qu’on appelle communément métaux lourds) comme le nickel, le chrome, l’arsenic, etc.
  • les terres rares avec des noms que vous avez sûrement peu entendu (Cerium, Neodynium, Yttrium…), mais qui sont indispensables pour que votre iPhone marche au top ;)

Ces éléments sont présents naturellement dans les granites d’origine volcanique qu sont traversés par les rivières que j’étudie. Et sous l’action de l’érosion de ces roches par les rivières, les éléments se retrouvent dans les cours d’eau. Mon étude consiste a savoir en quelle quantité ces élements sont dissouts dans l’eau et comment ils sont transportés jusqu’à la mer (c’est à dire, à quel type de particules en suspension dans l’eau sont-ils accrochés ou bien se balladent-ils tout seul?).

Est-ce que les rivières d’Osaka sont  polluées? Est-ce dangeureux? La plupart des habitations dans le nord d’Osaka sont reliées à l’eau courante de la ville. Et comme elle doit être potable, la qualité de l’eau est très surveillée. Donc, il n’y a pas de problèmes. Mais d’après ma prof, il existe dans les vallées, des maisons qui ne le sont pas et qui utilisent l’eau des rivières pour leurs besoins en eau. Et cela peut parfois poser des problèmes lorsque la concentration en arsenic dépasse les 0,01 mg/l (limite admissible fixée par l’OMS). Ces eaux sont contaminées mais pas polluées. Les habitants n’ont alors plus le droit d’utiliser cette eau.

L’intérêt de l’étude en 2 points:

1) les terres rares sont des éléments qui servent de traceurs pour comprendre la formation du plancher océanique. Il faut savoir quelle quantité provient du plateau continental pour la distinguer de celle provenant des roches volcaniques de l’océan. Ca, c’est pour le côté scientifique de l’étude; ça concerne les géochimistes pur et dur.

2) les métaux traces contaminent les eaux des nappes phréatiques (on dit plutôt aquifère dans le jargon) formées à partir des sédiments transportés par les rivières. Il faut comprendre sur quel type de sédiments sont transportés les métaux trace pour savoir dans quelles conditions ils se détacheront des sédiments pour migrer dans l’eau de la nappe (comme au Bangladesh, terrain favori de ma prof) et risquer de la contaminer. Ca, c’est pour le côté humanitaire de l’étude; ça concerne beaucoup de monde…

Pour le 1), l’étude du transport des terres rares en rivières est récent et il n’y existe pas beaucoup d’études sur ce sujet. Je tourne un peu en rond sans savoir par quel bout prendre mon échantillonage sur le terrain. Pour le 2), c’est plus facile, je sais quoi chercher et comment car j’avais déjà étudié la contamination d’un aquifère en Chine. Mais j’espère arriver au but final (le modèle de transport) pour faire un grand pas dans ce domaine. Mais, je crois que la tâche est colossale…Je sais pas si je vais y arriver ^_^’ Souhaitez moi bon courage…

Si vous avez des questions sur ce que je fais, n’hésitez pas :) J’y réponds volontier !!