Sendai – Pas de requiem pour le Tohoku
Emilie
Posted on November 23rd, 2012
Pour les besoins d’une étude sur l’impact de la vague du tsunami gigantesque qui a eu lieu en 2011, je me suis rendue à Sendai avec ma prof et les protagnistes de l’études (des étudiants japonais donc). Sendai est la capitale de préfecture de Miyagi, la préfecture la plus touchée par la catastrophe.
Sur les côtes, il n’y a plus rien. Non seulement parce que les vagues de plusieurs mètres de haut n’ont pas épargné grand chose. Mais aussi parce qu’il a fallu raser ce qu’il restait. Détruite pour reconstruire? Peut-être, peut-être pas, je ne sais pas. Je me demande si on peut reconstruire sur les morts et une terre de dangers? C’est le Japon.
Mais ce que je sais, c’est que j’ai vu un automne plus chaleureux que nulle part ailleurs. J’ai vu des paysages époustouflants, une terre généreuse et des gens avec la main sur le coeur. Je suis tombée amoureuse du Miyagi ken. Les gens là-bas ne pleurent pas, personne ne plaint et ne s’apitoie sur le sort qu’ils ont subi, qu’ils subissent encore bien malgré eux.
Alors n’oubliez pas le Tohoku lorsque vous viendrez en visite au Japon ;) Les gens vous attendent les bras ouverts!!
J’ai eu l’occasion de visiter un peu la région lors de mon passage en Juillet, Ishinomaki en particulier.
Je suis resté scotché et n’ai pas eu l’idée même de prendre une seule photo du champ désert autrefois quartier résidentiel que nous avons traversé.
Et effectivement les habitants de la région sont très chaleureux et humbles.
Se sont souvent les gens qui ont le moins qui ont le plus le coeur sur la main. Je suis ravie de lire que ca t’a plut. Je n’y suis encore jamais allee mais j’ai rencontre une francaise, via nos blogs, qui vit a Sendai depuis plus de 20 ans donc si un jour je monte la bas je pense aller la rencontrer en personne.^^
Les Mamans sont là
pour protèger les enfants –
mais elles peinent …
Okasan 海子
J’espère voir beaucoup de photos :)
Deja de jolies photos. C’est tres interessant que tu aie pu faire cette étude là bas.
“Les gens là-bas ne pleurent pas, personne ne se plaint et ne s’apitoie sur le sort qu’ils ont subi”.
Vraiment? Je crois que tu oublies tous ces réfugiés, du tsunami et du nucléaire (dont tu ne parles évidemment pas), qui vivent encore entassés dans des gymnases, dans des “box maisons”dans la précarité absolue, et qui sont au bord de la dépression, de l’alcoolisme ou du suicide… Certains ont perdu plusieurs membres de leurs familles à peine l’année dernière, et ne parlons même pas des parents inquiets pour la santé de leurs enfants. S’ils ne se plaignent pas, c’est par pudeur, chère Emilie!
Il y en a qui pleurent et angoissent en cachette. Mais forcément, on ne parlera jamais de ceux là. Pas de requiem pour le Tôhoku, dis tu? c’est de la provocation? Car si ça n’en n’est pas, je te trouve particulièrement maladroite. Surtout à l’heure où 40% des enfants de Fukushima présentent des kystes et des nodules à la thyroide (La préfecture de Fukushima , c’est le Tôhoku!)
Je vois aussi une belle photo de produits de la mer: visuellement, ça a l’air délicieux. C’est quoi la recette? Un peu de crevettes et de sashimi arrosés au strontium et au cesium? Alors comme ça, toi aussi tu as décidé de participer à la campagne “soutenir en mangeant”? Libre à toi de volontairement prendre le risque d’endommager ton patrimoine génétique, mais je te signale, au cas où tu ne le saurais pas, que les produits de la côte pacifique sont en majorité contaminés par les rejets de la centrale.
Alors je comprends que tu sois tombée amoureuse de la préfecture de Miyagi, et que les paysages, et les gens là bas soient beaux. Mais tu sembles parfaitement oublier une chose quand, dans ton enthousiasme, tu parles de cette région : la préfecture de Miyagi est actuellement une zone qui connait une contamination nucléaire importante. Et on est juste pas loin de la centrale de Fukushima.
Tu sais ce qu’ils ont dit à l’ACRO? : “Suite à la catastrophe de Fukushima, l’ACRO a étendu son observatoire citoyen de la radioactivité dans l’environnement au Japon.
Nous avons reçu des échantillons en provenance des provinces de Fukushima et de Miyagi qui mettent en évidence une contamination alarmante.”(voir leurs rapports)
Je trouve ça parfaitement malsain de pousser les gens à faire du tourisme dans cette région. Moralement, éthiquement, et pour respecter le principe de précautions, on ne devrait pas encourager cela. En minimisant le malheur des gens du Tôhoku comme tu le fais, tu participe à dépeindre une vision biaisée de la réalité.
ça te serait venu à l’idée, toi, d’encourager les gens à partir faire du tourisme à Kiev juste après l’accident de Tchernobyl?Je suppose que non. La situation n’est guère différente dans le Tôhoku.
Et ça n’est pas le gouvernement japonais criminel qui réussira à imposer des décisions raisonnées pour protéger son peuple. Ils n’ont rien fait pour protéger sa population dans cette crise sanitaire.
Les enfants, les jeunes, les femmes enceintes devraient évacuer les zones les plus contaminées même au delà de 30 km, parce que le cumul de contamination interne par ingestion (les aliments ne sont pas sains), vont finir par avoir des conséquences désastreuses sur l’organisme.
Pour pouvoir aider les gens du Tôhoku, il faut avoir le courage de regarder et affronter la réalité de face. Il serait temps que tu ouvres les yeux.
Tu devrais lire les articles d’autres blogueurs Japon, qui osent dénoncer ce que tu occulte.
http://dozodomo.com/bento/maguro/qui-veut-gagner-des-milliards/
http://calledtojapan.wordpress.com/2012/02/21/tohoku-radiation-info/
De plus, je t’encourage à entrer en contact directement avec des veilleurs japonais qui se battent pour sauver leur pays. Il s’agit du groupe d’information : “子どもたちを内部被曝から守るためのネットワーク”. (Je te rassure, je ne suis pas l’administratrice de ce groupe par conséquent, tu ne pourras me reprocher de faire du catastrophisme) >> https://www.facebook.com/groups/kodomonomirai/members/
Demande leur directement, à ces japonais, ce qu’ils ressentent, et s’ils ne pleurent pas pour le Tôhoku! Tu sauras que tous ne se taisent pas.
Sources scientifiques :
http://www.acro.eu.org/OCJ_fr.html
Article de blog ayant regroupé les sources scientifiques ainsi que les témoignages de japonais du Tôhoku :
http://fukushima.over-blog.fr/article-problemes-de-thyroide-a-fukushima-une-population-cobaye-109484789.html
Mon post est là pour dire aux gens que le Tohoku n’est pas qu’une région sinistrée par le tsunami, ni le fait que cette partie du Japon n’est pas entièrement touchée par la radioactivité issue de la centrale de Fukushima, comme cela est montré sur les cartes que tu proposes en lien. Mes photo montrent (une partie seulement!!) la préfecture de Miyagi: il y a beaucoup de jolies choses à voir!
Quant au kaisendon…? Je fais assez confiance à ma prof, une personne sage et raisonnée, qui était là et qui l’a avalé aussi goûlement que nous (et qui est géochimiste océanographe par ailleurs). Beaucoup de gens nous ont aussi offert de la nourriture, qu’ils avaient cultivée ou produite eux-mêmes. Je ne crois pas qu’elle soit contaminée. Comme tu as l’air d’être très maligne, ce qui te permets de faire des jugements de valeurs, je me demande bien ce que tu aurais fait à notre place. “Non, merci, je n’en veux pas de votre nourriture contaminée”?
Alors, voilà, je fais comme toi, je transmets le message des gens rencontrés sur place. Eux nous disaient merci d’être venus (peut-être adressé à moi parce que je suis étrangère?). Je ne leur enfonce pas la tête sous l’eau; voir qu’on ne les considère pas comme des pestiférés, ça leur remontera le moral? Je ne demande absolument pas aux gens d’aller dans la préfecture de Fukushima, et encore de manger de la nourriture de là-bas. Je n’ai visité QUE le Miyagi ken alors je parle de lui. Et je suis persuadée que la majeure partie du Tohoku est bien vivante, loin de la terre de mort que tu veux dépeindre.
Je crois que ce n’est pas les touristes que certains habitants du Tôhoku attendent…
Emilie, je t’encourage à regarder le trailer du film disponible sur cette page :
http://www.women-of-fukushima.com/
Cela te donnera une autre vision.
Je te rejoins sur le fait que le peuple subit la situation bien malgré eux. Le pire c’est qu’ils subissent à cause du gouvernement, des entreprises véreuses mais aussi du silence international.
En France, il est bien difficile de parler du nucléaire quand les millions provenant de cette industrie de mort inonde tout. Et quand on sait que les médias sont souvent tenus par des grands groupes financiers, on comprends à quel point il est difficile de se faire entendre…
Parfois, quand je contemple les actions de mes frères humains qui détruisent joyeusement leur planète sans penser aux enfants et à ceux qui essayent de réparer les dégâts, j’ai juste envie de vomir.
Désolée pour ce commentaire pas franchement genki.
Comme le dit Okasa avec sa douce poésie, les mamans peinent.
Nous, engagés pour la vie, peinons tous….
J’ai visité une partie de la préfecture de Miyagi, je m’attendais à quelque chose de triste. Mais finalement, j’ai vu tout le contraire! Alors je le montre aux gens au travers de mon article. Etant donné que la reconstruction est lente et minée par des financements amputés pour des projets tordus, autant aller sur place directement pour apporter l’argent qui manque via le tourisme. Je n’ai pas visité Fukushima et je n’ai pas rencontré de gens de cette préfecture, donc je ne peux donc pas en parler. J’espère que je ne te fais pas vomir. En tout cas, je ne souhaite pas détruire joyeusement la planète, au contraire, je n’ai seulement pas les mêmes convictions et les mêmes aspirations que toi ou Okasan ou même bien d’autres personnes avec leurs propres actions! En tout cas, lorsque je vois la façon de vivre des Japonais autour de moi, je me dis que je la détruis bien moins qu’eux :( Ca, c’est triste.
Malgré ce que tu crois, j’ai de la bienveillance envers toi. Et ce ne sont aucunement des jugements de valeurs mais de la franchise et du partage d’informations que je fais. Je ne dénigre pas pour autant ton expérience personnelle et humaine qui ont évidemment pu être socialement positives.
Juste quelques précisions :
Les cartes de contamination du Japon doivent constamment être actualisées. Donc, tu ne peux pas dire “la contamination n’est pas partout dans le Tôhoku”. Parce que tu n’en sais rien. Tu ne peux rien prouver.
Pour ma part, je suis entrain de t’expliquer concernant la contamination radioactive, que celle ci se disperse de façon aléatoire, que c’est invisible, inodore, et qu’elle peut potentiellement se trouver là où on ne s’y attend pas. Dois-je te rappeler que c’est dangereux? D’où le principe de précautions. Depuis quand le cesium, le strontium, le tellurium, le plutonium, etc, peuvent être considérés avec légèreté?
Ensuite, je le répète : l’ACRO est un laboratoire indépendant français sérieux, tout comme la CRIIRAD. Je pense que tu ne devrais pas ignorer leur mise en garde concernant MIYAGI. Leurs mesures sont fiables.
Tu dis “Je ne crois pas qu’elle soit contaminée” en parlant de la nourriture. Mais ça, ce n’est pas du tout scientifique comme argument. La vérité, c’est que tu n’en sais rien.
Seuls des bilans d’analyses au scintillateur de becquerels ont une valeur scientifique.
Par ailleurs, ta prof, qu’elle soit océanographe ou non, n’a pas non plus la science infuse : les spécialistes en radioprotection et les personnes possédant un moniteur de bq peuvent réellement savoir, car ils ont les moyens matériels pour analyser des échantillons. Ta prof n’en a pas.
L’IRSN dans certains rapports mettent eux aussi en garde sur les aliments provenant du Tôhoku.
Enfin bref… tu sais très bien toi même que ça ne me fait pas plaisir de constater tout ça. ça me fait même très mal. Tu crois que j’ai envie de dépeindre mon pays comme un lieu de mort alors que c’est ma terre de naissance?
Tu me crois maso à ce point ?
C’est justement pour tenter de sauver les gens qui continuent d’être exposés à la contamination, que je me bats afin que l’on puisse reconnaître enfin la gravité de la situation à sa juste valeur, et pas du minimisé édulcoré ou du faussement rassurant comme le sont les mesures et informations données et prises par le gouvernement japonais.
Les japonais du Tôhoku ne seront pas sauvé grâce au tourisme : ils seront peut-être sauvés si le gouvernement s’attelait enfin au travail de contrôle strict et systématique d’aliments comme le fait le CRMS, et si la population apprend les règles de bases en radioprotection. Car dans le cas contraire, ils risquent de tomber malade. Avant de penser à promouvoir le tourisme, ils feraient mieux de penser à protéger la santé des gens !
J’aimerais tout comme toi penser que le Tôhoku est vivant, vraiment.
Mais je doute fort que dans 20 ans le bilan santé des gens du coin soit beau à voir. Il y a des médecins qui sont déjà alarmé par la situation. Je n’invente rien de tout ça.
En tout cas, quand tu parles de “conviction différentes”, ça prouve encore une fois qu’on n’est pas sur la même longueur d’onde. Si dans ton monde, 2+2 = 5, ça peut effectivement être une conviction, oui. Mais pas la réalité. La radioactivité se mesure, donc ce n’est pas une question de conviction :
c’est un fait.