Les livres nous manquent cruellement en ce moment, car au Japon, il est difficile de trouver des livres en langues étrangères (entendez français, anglais…des langues que nous, étrangers, savons lire ^_^) à prix abordables. Oui, biensûr, il y a Amazon, mais lors de ma tentative d’y acheter des livres il y a une semaine, l’interface et la recherche m’ont rebutée.

Cette soif de lecture m’a permis de terminée Le fil à recoudre les âmes.

Kenichiro croyait être un Américain comme les autres. Mais le 7 décembre 1941, lorsque les Japonais déclenchent la guerre en attaquant Pearl Harbor, l’adolescent né à Los Angeles devient brusquement un “Jap”, un étranger ennemi, comme tous les Japonais installés aux États-Unis depuis plusieurs décennies. Les voilà devenus des espions potentiels qu’il faut éloigner des côtes. Kenichiro, sa mère, sa petite sœur et plusieurs milliers d’autres Japs se retrouvent au milieu du désert, dans un “centre de réinstallation” cernés par les barbelés. Officiellement, ils ne sont pas prisonniers, mais résidents. Les gardes armés ne sont pas des gardiens mais des conseillers de sécurité.
Kenichiro préfère en rire dans les lettres qu’il envoie régulièrement à Mrs. Moore, son ancien professeur d’anglais. Un jour, il lui annonce “une nouvelle incroyable”. Alors que la guerre fait rage, sa famille a accepté de quitter les États-Unis pour retourner vivre au Japon… non loin d’Hiroshima.

Un livre un peu spécial car écrit par Jean-Jacques Greif, le père de Sacha. Le sujet abordé par le livre, les camps de Japonais aux USA lors de la Seconde Guerre mondiale est assez méconnu du grand public. Moi-même, j’en avais vaguement entendu parlé. Ce livre a été un peu comme un compagnon de voyage car Jean-Jacques nous l’a offert juste avant notre départ pour le Japon. Le héro du roman et nous-même changeant de vie et découvrant la même culture.

J’ai beaucoup aimé le livre pour son côté didactique car le thème porte sur une partie de l’histoire du Japon que je ne connaissais pas. Le récit de Kenichiro se base sur les connaissances et les recherches qu’a ménées l’auteur pour offrir un récit historiquement et géopolitiquement juste. Par ailleurs, le ton donné à Kenichiro évite que l’on se scandalise de l’existance de ces camps de “résidents” car  le héro aborde son déracinement avec moquerie et sarcasme, comme pour pointer du doigt le ridicule de la décision gouvernementale que tous les citoyens américains d’origine japonaise et les Japonais vivant aux USA étaient des espions potentiels.

Paradoxalement, ce ton, c’est que j’ai le moins apprécié dans ce livre, dans le sens où le phrasé qu’emploie Kenichiro et les autre jeunes personnages n’est pas très adapté à leur âge. Certes les dialogues sont vivides, ce qui insuffle la vie aux personnages, mais il y a quelque chose d’artificiel dans la façon dont ils s’expriment. Mouais, vivide, articiel…c’est antinomique et pourtant, c’est que je ressenti pendant la lecture. La même sensation que lorsque j’avais lu 9/11 du même auteur, où l’attentat sur les tours du World Trade Center était vécu et raconté au travers des dialogues de jeunes d’un lycée de Manhattan. Ce qui rattrape un peu la chose, c’est la poésie qui se dégage des page lorsque Kenichiro retourne au Japon. Mais je dirais que lorsqu’on parle du Japon, le texte devient poétique de/en lui-même ^_^ non ?

Pour conclure, je conseille ce livre pour mieux connaître ces Japonais déportés, ces Américains déracinés. Vous saurez maintenant d’où vient le “Japs” qu’il est inconvenant d’utiliser. Vous vous étonnerez de la docilité de ces “résidents”. Et pourquoi le livre porte ce titre. Bonne lecture :)