Ayant fini mes cours de japonais, je retrouve du temps libre pour renouer avec le papier japonais. Et quoi de mieux qu’une exposition sur le katagami?

Le katagami se traduit par pochoir; le mot se compose de kata 型: pochoir et kami 紙: papier. Katagami désigne aussi la technique japonaise de teinture au pochoir.

En ce moment, se déroule au Musée d’Art moderne de Kyoto, l’exposition KATAGAMI Style – Papers stencils and Japonisme, qui est en fait une réédition de l’exposition KATAGAMI qui a eu lieu fin 2006 à la Maison de la Culture du Japon, Paris (non, je ne l’ai pas vue!!). Alors petite séance de rattrapage à Kyoto, pour cette exposition qui dure jusqu’au 19 août, où j’ai énormément appris sur le lien entre katagami, Japonisme et Art nouveau.

Bingata d'Okinawa

Au travers d’une rétrospective sur l’Art Nouveu en Europe et aux USA, l’exposition montre à quel point la technique mais surtout les motifs du katagami ont influencé, suscité même, ce mouvement artistique du 19e siècle. L’origine du katagami se situe à l’époque Nara (8e siècle) avec les premières techniques avec planches en bois. Au cours du temps, la technique a été perfectionnée jusqu’à la forme qu’on lui connait aujourd’hui, la teinture avec pochoirs en papier et glue pour ouverture de blancs.

Katagami

Le katagami a d’abord servi à teindre des tissus, puis en même temps que l’essor de la technique yuzen pendant l’époque Edo, le katagami retrouve ses lettres de noblesses et l’on voit apparaître du papier japonais (washi) orné des même motifs que ceux du textile, c’est le katazome gami, papier teint au pochoir.

Tissus de Williams Morris

Avec le phénomène du japonisme qui conquiert toute l’Europe et les Etats-Unis vers la fin du 19e siècle grâce aux Expositions Universelles, les artistes  découvrent le katagami et ses collections immenses de motifs. La constance présence de la Nature dans ces motifs, les volutes et le caractère éthéré du design japonais donnent aux institutions des beaux-arts la matière première pour inspirer et approfondir l’Art nouveau qu’elles recherchent.

Tissus de chez Liberty

Motif Mitsy (Liberty)

Au cours de l’expo, on retrouve ainsi des grands noms des industries et beaux-arts comme Williams Morris et la maison Liberty qui a la première acquis une immense collection de katagami pour ses tissus, Henri Lallique qui s’inspire des katagami pour orner ses vases, Alphons Mucha pour les courbes éthérées de ses posters ou encore Louis Comfort Tiffany et ses créations floralement précieuses.

Poster japonisant d'Alphonse Crespin

Vases d'Henri Lallique

Ainsi, la plupart des pièces d’Art nouveau exposées témoigne de la façon dont les artistes se sont appropriés (voir copié) les motifs japonais plutôt que la technique du katagami elle-même. Tout au long de l’exposition, les oeuvres sont comparées aux katagami qui les ont inspirées, et l’on s’aperçoit que les motifs de ces pochoirs se sont parfaitement fondus dans ce mouvement artistique à la recherche de légerté et d’éphémrisme. A moins que ça ne soit le design japonais qui ait insufflé son âme à l’Art nouveau? (c’est bon pour l’égo de la culture japonaise, ça…).

* j'ai oublié de qui était ces pièces, mais elles ont été crées en 2010*

L’exposition conclut que, bien que le phénomène du Japonisme s’éteint rapidement avec celui de l’Art nouveau, les collections de katagmi que possèdent les maisons textiles sont à nouveau réouvertes et servent encore une fois de réserve d’inspiration ces dernières années.

*récentes créations d'une maison de tapisserie dont j'ai aussi oublié le nom*

 

PS: les photos étant interdites pendant l’exposition, j’ai pris la liberté de mettre celles disponibles sur le site de l’exposition pour illustrer l’article. Un clic sur les photo mène vers ce site.

Pour sen savoir plus siur la technique du katagami, je vous conseille cet excellent site d’un professionnel passionné qui explique comment fait un tissu teint façon katazome.