[Parenthèse chinoise]

Comme d’hab, revenue d’un voyage en terre mal connue, j’aurais un million de choses à dire, à décrire, à expliquer. Comme à chaque fois que l’on découvre ou re-découvre quelque part. La Chine est immense, complexe et cette fois encore, j’ai exploré de nouvelles facettes d’un pays qui nous pénètre par tous les pores de la peau dès qu’on y pose un pied. Outre un petit aperçu de la culture du Dongbei qu’il me faut creuser un peu plus, j’ai focalisé sur Pékin et ses hutong. Du gris sur du gris sous un ciel gris…Le rouge chinois est devenu bien pâle sous toute cette poussière argentée…

Les hutong sont des ruelles de quartiers populaires de la capitale chinoise, bordés d’habitations en brique grises organisées autour d’une cour intérieur (sihe). Vous ne me croirez pas si je vous dis que je n’avais JAMAIS exploré ces quatiers mythiques de la ville. Alors qu’ils sont dans tous les guides touristiques, qu’on en fait les martyres de l’urbanisation moderne et galopante pékinoise, mes pieds avaient à peine osé se ballader dans ces allées lors de mon précédent voyage, et encore moins lors de ma 1ère fois à Pékin. Cachés derrières des murs et des entrées discrets, on les manque facilement…

Mais l’erreur a vite été réparée et c’est presque 5 jours entiers que nous avons passé à arpenter les hutong au centre de la ville. Presque exclusivement, on y a mangé, dormi, on s’y est balladé tout notre soûl, ce qui nous a permi de bien s’imprégner de ce qui a fait et qui fait encore le coeur de Beijing. Et ce qui nous permet de confirmer que c’est là que tout ce passe, que le future de la ville n’est pas dans les grands immeubles qui poussent comme des champignons. Les hutong sont aujourd’hui des quartiers très, très prisés des étrangers qui viennent s’y installer et font augmenter les loyers à la vitesse grand V. Ne vous y trompez pas, les Chinois y trouvent aussi leur comptent en faisant payer le prix aux bourses extérieures dont les cordons se délient pour goûter à ce quotidien chinois. Et les coupés BMW dans les rues sont là pour en attester…

Ainsi, les hutong, c’est tendance, c’est hype. Tout comme cette pop-culture chinoise venue du Dongbei, faite de motifs colorés à grosses fleurs sur thermos et vaisselle émaillée des années 60 pour oublier les famines, celle qui envahit vos magasins parisiens trendy préférés de home-déco. Venez voir cette Chine que vous commencez à adorer. Vous cherchez la Shanghaïenne des 30, sa robe fendue et ses relents d’opium? Presque trouvé! On vous donnera de la Pékinoise, ses chaussons de velour noir et ses odeurs de canard laqué. Venez, car pour vous, c’est facile. Pas de longue marche ni de grand bon en avant. Juste un allé en avion, et surtout un retour. Demain, cette Chine d’hier et d’aujourd’hui, elle n’existera plus.

Ou peut-être si. Car les locaux raffoleront de l’adulation nostalgique que vous portez à un des pans les plus sombres de l’histoire du pays. D’ailleurs, la fausse vaisselle émaillée a commencé à envahir les boutiques de Jiaodaokou. Les paysans du nord n’ont plus de timballes ébréchées à vendre 10cts aux puces alors qu’elles se vendent 10€ dans ces boutiques à kistch de Paris? Pas grave, la Chine qui s’imite elle-même. En 2013, le serpent s’est bien mordu la queue. Du nord pauvre et meurtri par l’Histoire à cette capitale mutante et hors de prix, le monde entier est avide et s’arrache cette culture chinoise de façade. Comme le sourire du Grand Timonier sur les boîtes d’allumette et les badges vendus aux touristes. En somme, la revanche de Mao sur l’Occident. Ou pas en fait. Comme d’hab.