Régulièrement aux alentours du 11/12/13 Novembre, a lieu l’Open Nagaya à Osaka, pendant lequel un certain nombres de nagaya sont ouvertes à la visite. C’est une excellente occasion de visiter ces habitations typiques toute en longueur (nagai), et regroupant plusieurs familles sous un même toit (enfin, plus ou moins le “même”). Durant cet évènement,  de nombreux sites ouvrent leurs portes pour vous faire découvrir des intérieurs rénovés dans des maison de plus de 50 ans. Vous pouvez trouver des photos des maisons à visiter sur ce site: http://opennagaya-osaka.tumblr.com/english.

Osaka_nagaya

Je suis vraiment heureuse que cet évènement est lieu parce que moi aussi, j’habite une nagaya. Quand on l’a visitée pour la louer, j’ai pas trop fait attention (et puis je connaissais pas). Mais avec son escalier raide en bois, ses mûrs en carton et sa disposition toute en longueur, on sentait bien que la maison avait un côté typiquement japonais. Et puis, au fur et à mesure que je visitais mon quartier, je trouvais beaucoup de soeurs à notre maison. En fait, j’ai compris plus tard que notre petite maison faisait partie de la grande famille de maison nagaya, un type de logement pas cher et qui permettait de gagner un peu de place dans un pays où le terrain habitable est précieux.

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En 2016, j’ai découvert par coïncidence l’Open Nagaya, en même temps que la découverte de ce type d’habitat. L’évènement approchant, j’ai empoigné mon appareil photo pour faire un tour dans mon quartier et vous montrer un peu à quoi ressemble ces maisons. D’après ce que j’ai lu, à la base, les nagaya, c’est un gros bâtiment d’un seul étage divisé en plusieurs logements qui abritent chacun une famille. Le cloisonnement de la maison fait que les unités étaient le plus souvent agencé sur la longueur, d’où le terme nagaya, pièce longue. A Osaka, les nagaya semblent avoir leur particularité (Osaka style 😎 ) avec un agencement de l’espace qui suit le schéma: entrée et cuisine à l’avant de la maison, pièce à vivre, toilettes et jardinet dans le fond. Ben, ouais, exactement comme chez nous! Certaines nagaya d’Osaka ont aussi le luxe d’avoir un étage en plus, avec la washitsu (pièce japonaise) de rigueur (tatamis, tokonoma, fusuma et tout le toutim).

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Si les nagaya ressemblent à de charmantes petites maison de poupées, et même si le côté rétro de ce genre d’architecture est ultra sympa, y habiter n’est quand-même pas facile. Faut comprendre que les nagaya, c’est des habitations cheap. Là où on habite, la nagaya avait 4 logements, et il ne reste que le nôtre et celui de notre voisine de droite. Nous, on a de la chance, les propriétaires -nos voisins de gauche qui habitaient aussi la nagaya, mais dont leur partie a été détruite pour faire une vraie maison- ont fait rénover l’unité que l’on loue, et on dispose donc d’un confort moderne. On a un parquet chauffant, grande salle de bain, place pour la machine à laver. Notre voisine encore dans la version 0.1 n’a rien de tout ça, elle a même sa machine à laver dans son petit rez-de-jardin (et beaucoup de gens de nagaya ont encore leur machine dans la rue).

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Et malgré tout cette débauche de luxe, l’hiver est rude dans notre maison: 10°C (on est descendu à 6°C en 2014) dans la chambre et le salon (la baraque est surélevée par rapport au sol et le froid s’engouffre dessous, annihilant complètement l’efficacité du parquet chauffant qui n’est PAS ISOLE. Va comprendre Charles). Et en été, rebelote pendant les 40°C. Les murs sont en béton ou torchis et le toit sans isolation, réduisant d’autant plus le maintient de fraîcheur et le taux de natalité du pays (si vous voyez ce que je veux dire – on entend notre voisine téléphoner, donc imaginez le manque d’intimité). De plus, qui dit logement touche-touche en longueur dit pas de fenêtre! Y a une fenêtre devant à la cuisine et une arrière de la maison. Le salon est plongé dans une pénombre constante, et du coup, le plafonnier en néon est allumé en permanence, 365 jours par an (sauf quand on est en vacances au soleil).

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Vous aurez compris que tout ça fait grimper le prix de nos factures énergétiques (électricité, eau, gaz), alors qu’on a un logement rénové! Je n’imagine que trop bien comment ça se passe dans les autres nagaya qui ne le sont pas. D’ailleurs, le résultat est net. La plupart des habitants sont probablement aussi âgés que ces habitations qui ne sont pas de toute fraîcheur. Il faut voir le nombre de logement en nagaya avec des panneaux “à louer”. Je suis triste parfois de voir s’aligner ces panneaux pendant des mois sur les murs ou des boîtes-aux-lettres qui débordent. C’est des dog whistles pour les pelleteuses. Quand tout le monde a claqué la porte, au revoir petite nagaya, bonjour Sekisui/Daiwa/Seiwa house. Une amie habite dans ce genre de maison, c’est joli, grand, blanc, mais c’est beaucoup plus impersonnel.

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Quand on a visité notre maison, on avait déjà vu des appartements propres et beaux, mais ils n’avaient pas de véranda. Ils étaient spacieux et lumineux, mais il y avait des voisins au dessus de la tête. Tous les étés, je peste contre ce salon lugubre aux murs assombris de fumée de cigarette du locataire précédent, mais j’adore la washitsu du 1er étage inondée de soleil. Les murs sont plein de trous qui font rentrer le froid et la chaleur, mais ils laissent aussi rentrer Ichi, la fouine qui vient tous les hivers se réfugier ou mettre bas dans notre plancher. Cette nostalgie, ça me rappelle la petite amertume qu’Horizon du Japon évoquait dans son article sur la disparition d’habitation populaire. C’est dommage. Ou pas ? Ces nagaya, y a du bien et du moins bien, mais clairement plus d’inconvénients à y vivre même après une rénovation, maintenant que les gens ont les moyens de se payer du double vitrage !

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Malheureusement, la plupart des nagaya ont un aspect délabré avec leur taule rouillée, leur béton effrité et leurs bois de porte cuits par la chaleur. Les nagaya sont aussi connues pour abriter des petites communautés, des petits hameaux. Dans ma rue, presque toutes les nagaya ont été remplacées par de grandes maisons sur 3 étages, mais on se connaît tous, sauf les gens de l’immeuble d’en face. Au final, je pense que ce qui fait la chaleur et l’esprit du foyer, c’est moins les murs que les gens qui y vivent. L’Open Nagaya permet d’aller visiter des petits îlots de nostalgie et de voir ce qu’une rénovation peut apporter de nouveau souffle à ces HLM. Les nagaya pourraient-elles êtres les hutongs du Japon et s’arracher à prix d’or dans quelques années? Hipsters, à vos porte-monnaie.

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A lire :

You don’t know what you’ve got (till it’s gone) in Tokyo’s nagaya


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